Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956 by Ageron Charles-Robert

Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956 by Ageron Charles-Robert

Auteur:Ageron,Charles-Robert [Ageron,Charles-Robert]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782271078568
Éditeur: CNRS Éditions
Publié: 2016-05-24T15:25:14+00:00


2. Madagascar

Philippe Devillers :

Les deux contributions sur Madagascar nous donnent une vue synthétique, dialectique et balancée du nationalisme malgache. Mais il manque le point de vue français et la réaction française. Il n’y a pas de dialectique franco-malgache. Manque ici la réponse française au nationalisme malgache.

Lucile Rabearimanana :

Le rôle des masses paysannes des régions côtières et l’embryon de classe ouvrière des villes ne peuvent expliquer que de manière très sporadique le nationalisme. Pourtant, le nationalisme existait dans ces milieux. D’ailleurs, l’administration française s’est employée à faire du PADESM le pendant des partis nationalistes malgaches qui commençaient à submerger les campagnes.

Il est intéressant de voir le rôle de l’administration et de l’idéologie traditionnelle dans le développement du tribalisme et comment ce tribalisme fut utilisé par les partis procoloniaux, même après 1945.

Gallieni, au début de l’installation française, a profité de ces luttes interethniques pour essayer d’implanter la colonisation française. Ce tribalisme a même tellement été accepté par les notables procoloniaux de la Côte, qu’il est devenu leur principal cheval de bataille. Du côté des nationalistes, il fallait combattre le tribalisme, car pour eux le clivage entre Malgaches n’était pas d’ordre ethnique, mais social.

William Rabemananjara :

La stratégie mise en place par la Conférence de Brazzaville était en réalité pour nous une colonisation rénovée, car cette conférence avait refusé catégoriquement toute idée d’autonomie et d’indépendance, ainsi que l’accès des peuples d’outre-mer à leurs langues maternelles. J’ai été le premier Malgache à refuser cela. La tactique de Moutet et de Laurentie au ministère des Colonies, était de barrer la route au nationalisme malgache, tout en accordant « des libertés ». Ainsi l’arrivée des trublions nationalistes aux Assemblées constituantes a été très mal vue. Ce n’est que vers 1954-1955, et dans le contexte international (Maroc, Tunisie, Indochine) que les Français ont commencé à modifier leur tactique. Il en est résulté la loi-cadre de Gaston Defferre et, en fin de compte, la décision de l’indépendance prise par le général de Gaulle.

Le nationalisme malgache ne date pas de 1945, mais de 1895 lorsque le gouvernement de Sa Majesté la Reine fut défait militairement. Il y eut résistance contre Gallieni, qui comprit alors qu’il fallait diviser pour régner. Le premier nationaliste politique moderne, c’est Jean Ralaimongo. C’était un communiste qui voulait l’assimilation totale, il voulait être citoyen français. Quand en 1945, les deux députés malgaches arrivent à l’Assemblée constituante, j’ai dit à Raseta : « attention pas d’enfantillage, l’indépendance ça ne se demande pas, ça se conquiert sur le terrain. Alors où est votre armée ? ». Il m’a répondu : « Que faut-il faire » ? Je lui ai dit qu’il fallait faire comme les Vietnamien. Je suis allé voir Hô Chi Minh, avenue Hoche. Je lui ai montré la proposition de loi sur l’indépendance immédiate, déposée à l’Assemblée nationale et je lui ai demandé ce qu’il en pensait. Il répondit : « c’est cela qu’il faut ». Au sein du M.D.R.M., que j’ai eu l’honneur de créer avec quelques amis, il y avait une dichotomie avec la base restée à Madagascar.



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